NEW DELHI – Le capitaine Devi Sharan, pilote du tristement célèbre détournement du vol IC 814 d’Indian Airlines en décembre 1999, prend sa retraite le 4 janvier après une brillante carrière de 40 ans dans l’aviation.
Son parcours, marqué par la bravoure et la résilience, laisse une marque indélébile dans l’histoire de l’aviation indienne.
De la gestion de situations mettant la vie en danger au commandement d’avions modernes comme le Boeing 787 Dreamliner, la carrière du capitaine Sharan a été à la fois inspirante et stimulante. Alors qu’il se lance dans ses projets d’après-retraite, son héritage témoigne du dévouement requis dans l’aviation.
Le capitaine de l’IC 814 prend sa retraite
Le capitaine Devi Sharan a rejoint Indian Airlines en 1985 après avoir terminé sa formation de pilote à Karnal.
Au fil des ans, il a commandé divers avions, en commençant par le Boeing 737-200, puis l’Airbus A320 et enfin le Boeing 787 Dreamliner.
Cependant, sa carrière est surtout connue pour son rôle dans l’incident du détournement du vol IC 814.
En décembre 1999, le vol IC 814 a été détourné alors qu’il se dirigeait de Katmandou (KTM) à Delhi (DEL) et a été détourné vers Kandahar (KDH), en Afghanistan.
L’objectif du capitaine Sharan pendant ces jours tendus était d’assurer la sécurité de tous les passagers et de l’équipage à bord.
En réfléchissant à cette épreuve, il a noté comment elle a façonné sa vision des choses, lui enseignant le caractère imprévisible de la vie et l’importance de rester préparé aux défis.
Au-delà du détournement de Kandahar, Sharan a de nouveau fait face au danger en 2011 lorsque lui et ses collègues ont été pris au piège dans une Libye déchirée par la guerre civile.
Des militants armés les ont temporairement détenus, mais ils se sont échappés indemnes, démontrant leur résilience dans une nouvelle situation de forte pression.
Après la fusion d’Indian Airlines avec Air India (AI) en 2007, le capitaine Sharan a continué à voler, passant à des avions de pointe comme l’Airbus A330 et le Boeing 787 Dreamliner.
Son dernier vol, effectué le 4 janvier de Melbourne (MEL) à Delhi (DEL), a été un moment mémorable, marqué par un adieu sincère de l’équipage.
Dans un message adressé à ses collègues, Sharan a exprimé sa gratitude pour les opportunités et les défis de sa carrière d’aviateur.
Ses mots résument sa passion pour le vol : « Avec le même enthousiasme qu’un jeune garçon qui a rejoint cette compagnie aérienne, je tourne maintenant la page et me lance dans les années dorées de ma vie. »
Projets futurs du capitaine de l’IC 814
Le capitaine Sharan prévoit d’ouvrir un nouveau chapitre en explorant l’agriculture dans sa ville natale, Karnal.
Il envisage également de contribuer au centre de formation géant d’Air India, en utilisant sa vaste expérience pour encadrer la prochaine génération d’aviateurs.
Avant de se lancer dans ces projets, Sharan entreprend un tour du monde d’un an, visitant des destinations comme l’Antarctique et la Sibérie.
IC 814 : Le détournement le plus célèbre
IC 814 : Le détournement de Kandahar : L’incident terroriste le plus grave de l’Inde a commencé le 24 décembre 1999.
Cinq terroristes armés ont pris le contrôle du vol IC-814 d’Indian Airlines, un Airbus 300, lors de son voyage prévu de Katmandou à New Delhi.
Le vol transportait 179 passagers et 11 membres d’équipage au cours d’une semaine d’épreuves, qui s’est terminée par des négociations terroristes, l’implication des talibans et le décès d’un passager.
L’incident a révélé des faiblesses critiques dans l’infrastructure de sécurité aérienne de l’Inde et a mis à l’épreuve les capacités de gestion de crise du gouvernement Atal Bihari Vajpayee.
La décision du gouvernement de libérer trois terroristes de haut rang a marqué un tournant controversé dans la politique antiterroriste de l’Inde.
Le livre de l’ingénieur de vol Anil K Jaggia et du journaliste Saurabh Shukla « IC 814 Hijacked: The Inside Story » détaille les premiers moments du détournement.
La crise a commencé à 16h39 lorsqu’un terroriste armé, portant une cagoule rouge et des verres photochromiques, a pris d’assaut le cockpit avec une grenade et un revolver, déclarant avoir le contrôle de l’avion.
Échec d’Amritsar
La crise du détournement de l’IC 814 s’est rapidement aggravée après que le contrôle aérien de Delhi a reçu l’alerte initiale à 16h56. Les terroristes ont exigé un itinéraire de vol vers Lahore, au Pakistan, mais se sont détournés vers Amritsar lorsque les autorités pakistanaises ont refusé l’autorisation.
L’atterrissage d’urgence d’Amritsar à 19 heures a présenté une opportunité d’intervention cruciale. Le directeur général de la police du Pendjab, Sarabjit Singh, a refusé les demandes de ravitaillement en carburant alors que les moteurs de l’avion étaient toujours en marche, soupçonnant une tromperie tactique.
Le Groupe central de gestion des crises de Delhi a envisagé diverses stratégies d’intervention, notamment la mise hors service des pneus de l’avion.
L’avion a quitté Amritsar sous la contrainte et a atterri à Lahore à 20 h 01 après que le pilote eut averti qu’un atterrissage en catastrophe était imminent en raison d’une panne de carburant.
Après avoir fait le plein à Lahore, l’avion a tenté d’atteindre Kaboul mais a été dérouté vers Dubaï en raison de l’insuffisance des installations d’atterrissage de nuit.
Six jours de négociations
Dubaï a marqué un tournant important le 25 décembre, avec la libération de 27 otages et l’enlèvement du corps de Rupin Katyal, décédé pendant le détournement. L’avion a ensuite poursuivi sa route vers sa destination finale, Kandahar, où il est arrivé à 8 h 33.
Les négociations de six jours à Kandahar ont impliqué des intermédiaires talibans. Les pirates de l’air ont exigé la libération de 36 terroristes, dont Masood Azhar, qui a ensuite créé Jaish-e-Mohammed, l’organisation à l’origine des attentats de Pulwama en 2019.
Les demandes supplémentaires comprenaient 200 millions de dollars et la dépouille de Sajjad Afghani.
Le gouvernement libère les terroristes
Le gouvernement taliban a émis des directives inattendues pendant la crise du détournement de l’IC-814, déclarant que les demandes d’argent et de cercueils des pirates de l’air contredisaient les principes islamiques. Leur position excluait notamment toute critique de la demande principale de libération des terroristes.
La capitulation du gouvernement indien de libérer trois terroristes de premier plan – Masood Azhar, Mushtaq Zargar et Omar Shaikh – a marqué un tournant critique dans la crise.
Les assurances des talibans de traiter les pirates de l’air et les terroristes libérés comme des criminels se sont révélées creuses, car les deux groupes ont quitté l’Afghanistan sans entrave.
La crise a pris fin le 31 décembre 1999, lorsque les otages sont revenus sur des vols séparés. L’avion détourné a atterri à New Delhi le 1er janvier 2000, marquant la fin d’un épisode crucial dans l’histoire de la lutte antiterroriste en Inde.
Les conclusions de l’enquête ont mis en cause les services de renseignement pakistanais (ISI) comme étant le cerveau du détournement, en collaboration avec Harkat-ul-Mujahideen (HuM).
Les critiques ont ciblé la structure opérationnelle de la réponse à la crise, soulignant que des décisions cruciales émanaient directement du bureau du Premier ministre Vajpayee, contournant le Groupe de gestion des crises (CMG).
Le parti d’opposition du Congrès a vivement critiqué la décision du gouvernement de libérer les terroristes. Le chef du BJP, Yashwant Sinha, a défendu cette action comme étant la seule voie pour assurer la survie des passagers. L’impact de la décision continue de susciter le débat quant à son éventuel précédent dans les négociations sur le terrorisme.
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