Air India poursuivie en justice par un pilote pour manque d'oxygène d'urgence sur un ancien 777-200LR de Delta
Air India poursuivie en justice par un pilote pour manque d'oxygène d'urgence sur un ancien 777-200LR de Delta

Air India poursuivie en justice par un pilote pour manque d’oxygène d’urgence sur un ancien 777-200LR de Delta

MUMBAI – La Haute Cour de Bombay ordonne une enquête sur les systèmes d’oxygène d’urgence des Boeing 777-200LR d’Air India

La Haute Cour de Bombay a ordonné au régulateur de l’aviation civile indienne, la DGCA, d’enquêter sur les systèmes d’oxygène d’urgence à bord des cinq Boeing 777-200LR d’Air India (AI), précédemment exploités par Delta Air Lines (DL) et opérant sur les routes entre l’Inde et les États-Unis.

Cette enquête porte sur une fonctionnalité de sécurité essentielle conçue pour protéger les passagers en cas de dépressurisation de la cabine.

Les systèmes d’oxygène des Boeing 777-200LR d’Air India

Les avions commerciaux tels que le Boeing 777 volent à des altitudes comprises entre 30 000 et 40 000 pieds, bien au-dessus du sommet de l’Everest, qui culmine à 29 000 pieds. Ces appareils garantissent la survie des passagers grâce à des cabines pressurisées qui simulent une altitude de 8 000 pieds, quelle que soit l’altitude de croisière.

En cas de défaillance du système de pressurisation, les masques à oxygène se déploient automatiquement depuis les panneaux situés au-dessus des passagers.

Les pilotes doivent alors effectuer une descente rapide, ramenant l’avion à une altitude de 10 000 pieds, où l’oxygène supplémentaire n’est plus nécessaire pour survivre. Cette descente s’effectue généralement à une vitesse de 5 000 pieds par minute.

La flotte de Boeing 777 louée par Air India fournit 12 minutes d’oxygène d’urgence par passager, respectant les exigences minimales de sécurité pour les descentes au-dessus des terrains plats. En comparaison, les avions Boeing 777 d’autres compagnies aériennes offrent jusqu’à 22 minutes d’oxygène par passager.

L’enquête devra déterminer si cette durée plus courte pose un problème de sécurité pour les itinéraires long-courriers d’Air India.

Préoccupations des pilotes concernant les routes montagneuses

En janvier 2023, un commandant de bord d’Air India a soulevé des préoccupations sur la capacité des Boeing 777 à fournir suffisamment d’oxygène en cas de dépressurisation lors de vols au-dessus de régions montagneuses, comme le Groenland.

Dans ces zones, les avions doivent maintenir une altitude de 13 000 pieds pour survoler les sommets, ce qui dépasse la durée de l’oxygène d’urgence des passagers.

Le commandant a identifié un écart critique dans les plans de vol pour les itinéraires reliant Delhi, Mumbai et Bangalore à New York et San Francisco.

Ces itinéraires traversent des zones montagneuses où descendre à une altitude sécuritaire de 10 000 pieds prendrait plus de 12 minutes, dépassant ainsi la durée d’oxygène disponible pour les passagers.

En raison de ces préoccupations non traitées par la direction d’Air India, le commandant a refusé d’opérer un vol entre San Francisco et Bengaluru le 30 janvier 2023.

Après avoir obtenu une autorisation pour un itinéraire alternatif plus sûr, il a accepté de piloter le vol. Cependant, Air India l’a suspendu en février 2023 et a mis fin à son contrat en mai.

Poursuite et sanctions

Le commandant a porté l’affaire devant la DGCA, invoquant des violations des réglementations concernant la durée d’oxygène des Boeing 777. En conséquence, la DGCA a infligé une amende de 1,1 crore INR à Air India en janvier 2024 pour avoir opéré des vols vers les États-Unis avec des réserves d’oxygène insuffisantes.

Le cas a atteint la Haute Cour de Bombay en février 2024, lorsque le commandant a déposé une requête alléguant que la DGCA avait mené son enquête sans entendre son témoignage, remettant en question la rigueur de l’investigation.

Défense d’Air India

Air India continue d’exploiter les Boeing 777 sur ses routes américaines malgré les enquêtes en cours. La compagnie affirme que ses opérations restent sûres et que la sécurité des passagers et de l’équipage n’a jamais été compromise.

La compagnie explique que ses itinéraires sont planifiés à l’aide d’un logiciel spécialisé CAE, qui calcule les trajectoires de descente d’urgence permettant d’atteindre 10 000 pieds dans le délai critique de 12 minutes.

Enquête ordonnée par la Haute Cour

La Haute Cour de Bombay a ordonné à la DGCA d’examiner une question technique spécifique : les Boeing 777 loués par Air India peuvent-ils descendre en urgence à 10 000 pieds et atteindre des aéroports alternatifs dans le délai de 12 minutes imparti par l’approvisionnement en oxygène ?

La Cour a précisé qu’elle ne s’était pas encore prononcée sur le fond de l’affaire.